Un diagnostic de TDAH peut sauver des vies chez les adultes, mais il comporte également des risques.
Joseph Aquilina, une personne citée dans un article de la BBC anglaise consacré à ce sujet, déteste le terme trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Selon lui, les deux « D » dans cette appellation impliquent une idée de dysfonctionnement. Il préfère son propre terme : différence d’attention et hyperactivité.
D’après la BBC diagnostic de TDAH d’Aquilina a été posé à 37 ans, soit 16 ans après celui de sa dyslexie. Ce Londonien volubile avait longtemps attribué ses difficultés de concentration, de mémoire et d’organisation à sa dyslexie, jusqu’à ce que son entourage commence à poser plus de questions sur son comportement.
Aquilina a reçu son diagnostic de TDAH dans un contexte de tempête parfaite d’événements stressants. Il travaillait tout en essayant de lancer une nouvelle entreprise, suivait une formation de niveau postuniversitaire, devenait père et réfléchissait à ses propres expériences d’enfance. Aujourd’hui, il est coach en TDAH, s’appuyant sur son vécu : « Je suis comme une mouche sur le mur qui fait partie du mur », dit-il. Dans ce rôle, il a remarqué qu’il est fréquent de recevoir un diagnostic à un moment de crise, comme ce fut son cas. Les personnes qu’il accompagne maintiennent en équilibre tous leurs projets, mais parfois, explique-t-il « les assiettes peuvent se fracasser et tomber ».
Au Royaume-Uni et dans d’autres pays, de plus en plus d’adultes se font diagnostiquer avec un TDAH ces dernières années, une demande qui dépasse les attentes des experts.
Cette tendance reflète une prise de conscience croissante du trouble, ainsi qu’une meilleure compréhension des symptômes chez les adultes, qui peuvent être différents de ceux observés chez les enfants. La conséquence c’est que la demande de diagnostic a souvent dépassé les capacités des professionnels de santé. Il existe un besoin accru d’informations sur les critères et les nuances du diagnostic, afin d’éviter les erreurs ou les sur-diagnostics tout en offrant un soutien approprié aux personnes concernées.
Le TDAH c’est quoi ?
Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est un trouble neurodéveloppemental chronique caractérisé par des symptômes d’inattention, d’hyperactivité et d’impulsivité.
Le TDAH est une condition médicale courante qui entraîne des impacts durables sur le fonctionnement social et psychologique, avec un risque élevé de troubles psychiatriques associés. Sa manifestation clinique et ses origines présentent une grande diversité, ce qui en fait un trouble complexe. On peut le concevoir comme un ensemble de perturbations touchant la cognition, les émotions et le comportement, résultant de l’interaction entre des facteurs génétiques et des influences environnementales, particulièrement durant la période périnatale.
Le dérèglement du système dopaminergique
Les recherches des dernières décennies ont mis en lumière le rôle potentiel d’un dérèglement du système dopaminergique dans le développement du TDAH. Le système dopaminergique est un réseau de neurones dans le cerveau qui utilise la dopamine comme neurotransmetteur principal.
Il s’agit d’une substance chimique qui joue un rôle fondamental dans plusieurs fonctions cérébrales essentielles : la motivation, le plaisir, la récompense, l’attention, la mémoire, le mouvement et la prise de décision. Quand nous accomplissons une action gratifiante ou anticipons une récompense, les neurones dopaminergiques libèrent de la dopamine dans différentes régions du cerveau, notamment le système limbique et le cortex préfrontal avec plusieurs objectifs essentiels :
- dans le système limbique (impliqué dans les émotions et la motivation) :
- Pour signaler les expériences plaisantes et les récompenses
- Pour renforcer les comportements bénéfiques en créant une sensation de satisfaction
- Pour motiver la répétition d’actions qui ont été gratifiantes
- Pour favoriser l’apprentissage par le renforcement positif
- dans le cortex préfrontal (centre de contrôle exécutif) :
- Pour maintenir l’attention et la concentration
- Pour faciliter la prise de décision
- Pour améliorer la mémoire de travail
- Pour aider à planifier et organiser les actions
- Pour moduler le contrôle des impulsions
Ce système de « récompense et motivation » aide donc notre cerveau à apprendre ce qui est bénéfique pour nous et à répéter ces comportements, tout en nous permettant de maintenir notre attention et notre concentration sur des tâches importantes. C’est pourquoi un dysfonctionnement de ce système peut affecter significativement notre capacité à nous concentrer et à réguler notre comportement, comme on le voit dans le TDAH.
Un dysfonctionnement de ce système est impliqué dans plusieurs troubles neurologiques et psychiatriques qui diffèrent du TDAH, comme la maladie de Parkinson (où il y a une perte de neurones dopaminergiques), la schizophrénie ou les addictions.
Cependant, d’autres voies de neurotransmission sembles impliquées, notamment le système noradrénergique.
Le système noradrénergique et le TDAH
Le système noradrénergique est un réseau de neurones utilisant la noradrénaline (ou norépinephrine) comme neurotransmetteur principal. Ce système, dont le centre de production se trouve dans le locus coeruleus du tronc cérébral, joue un rôle très important dans plusieurs fonctions essentielles du cerveau.
Il régule l’éveil et le cycle du sommeil, maintient la vigilance et module l’attention, particulièrement en situation de stress. Il est également responsable de la réponse « combat ou fuite » de l’organisme en augmentant le rythme cardiaque, la tension artérielle et en préparant le corps à réagir au danger.
Sur le plan cognitif, il améliore la mémoire de travail, la flexibilité mentale et participe à l’apprentissage et à la consolidation des souvenirs. Son implication dans les mécanismes d’attention et de vigilance explique pourquoi certains traitements non-stimulants du TDAH ciblent spécifiquement ce système.
Les traitement médicamenteux du TDAH
Les traitements actuels ciblent principalement les neurotransmetteurs tels que la dopamine et la noradrénaline pour atténuer les symptômes d’inattention, d’hyperactivité et d’impulsivité.
Les recommandations thérapeutiques suivent généralement une approche progressive.
En première ligne, les médecins prescrivent généralement des stimulants tels que le méthylphénidate, la dexamphétamine ou la lisdexamfétamine, particulièrement lorsque les symptômes impactent significativement la vie quotidienne.
Si ces médicaments s’avèrent inefficaces, mal tolérés ou contre-indiqués, les traitements de deuxième intention comprennent les non-stimulants comme l’atomoxétine ou la guanfacine, qui peuvent également être prescrits en association avec les stimulants pour optimiser les résultats thérapeutiques.
La troisième ligne de traitement peut faire appel à d’autres molécules comme le bupropion, la clonidine, le modafinil, la réboxétine ou la venlafaxine. Les médicaments tels que la clonidine et la guanfacine agissent sur les récepteurs noradrénergiques alpha-2, influençant l’hyperactivité globale et les fonctions exécutives.
Enfin, selon l’expertise clinique et les recommandations des spécialistes, une quatrième ligne de traitement peut inclure des médicaments tels que la lamotrigine, l’aripiprazole, l’agomélatine, l’armodafinil et la desvenlafaxine, bien que leur utilisation soit moins courante et basée principalement sur l’expérience clinique des praticiens. (source : agence des médicaments du Canada)
Mais la France reste à la traîne derrière les autres pays, en raison d’une frilosité des autorités de santé échaudées par le scandale du Mediator, un dérivé amphétaminique qui avait provoqué des milliers de morts suite à la survenue de valvulophathies, comme l’explique le site Univadis qui évoque l’arrivée prochaine en 2025 de nouvelles molécules sur le territoire hexagonal. Rappelons que pour l’heure, pour la Haute Autorité de Santé « Le méthylphénidate est le seul médicament disponible à ce jour et indiqué pour le traitement pharmacologique du TDAH (noms commerciaux : Ritaline®, Concerta® et Quasym®).«
Il faut noter que certaines approches thérapeutiques recommandent l’association de plusieurs médicaments comme le souligne le site canadien Mednet qui explique que la stratégie croisée est souvent la meilleure façon de déterminer le traitement optimal. Le patient prend un premier médicament, généralement le méthylphénidate, avant de passer à la préparation de sels mixtes d’amphétamines (tels que Adderall XR, non disponible en France) deux semaines plus tard. Le médecin peut alors opter pour le médicament qui corrige le mieux les symptômes du patient.
Pour atténuer les symptômes principaux du trouble, on ajoute généralement des interventions comportementales et psychologiques aux traitements médicamenteux, soit avec des thérapies cognito-comportementales soit avec de la pleine conscience par exemple.
Le TDAH à l’âge adulte.
Bien que le TDAH soit souvent associé à l’enfance, il persiste fréquemment à l’âge adulte.
Selon une revue systématique de la littérature publiée dans un document de l’INSERM et incluant 102 études épidémiologiques, la prévalence mondiale du TDAH chez les enfants est estimée à 5,29 %. Environ 60 % de ces enfants continuent de présenter des symptômes à l’âge adulte, ce qui suggère une prévalence d’environ 3 % chez les adultes.
Il est important de noter que ces chiffres peuvent varier en fonction des méthodes de diagnostic et des critères utilisés. Par exemple, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que le TDAH affecte 5 à 8 % des enfants, principalement des garçons, et que ce trouble persiste souvent à l’âge adulte
De nombreuses raisons expliquent que le TDAH est largement sous-diagnostiqué, particulièrement chez les adultes. Le trouble est généralement diagnostiqué durant l’enfance, et un diagnostic précoce améliore les résultats à long terme.
Les adultes avec un TDAH non diagnostiqué ont souvent passé leur vie à masquer leurs comportements. De plus, la plupart des personnes atteintes de TDAH présentent également d’autres troubles neurodéveloppementaux ou mentaux, ce qui complique le diagnostic.
Le sous-diagnostic est particulièrement courant chez les filles, les femmes et les minorités raciales, notamment en raison des stéréotypes. La plupart des recherches sur le TDAH concernent les hommes.
Certains changements de vie peuvent déclencher une prise de conscience du TDAH chez l’adulte. Par exemple, la grossesse, avec ses déséquilibres hormonaux et ses stress, ou encore des parents dont les enfants reçoivent un diagnostic de TDAH, qui réalisent alors qu’ils présentent eux-mêmes des symptômes.
Il existe de nombreux avantages à bénéficier d’un diagnostic précis de TDAH à l’âge adulte. Un diagnostic neurodivergent explique pourquoi il peut être difficile de s’intégrer. Cela permet de se pardonner ses difficultés, et cela permet aux autres de comprendre ces difficultés. Des adultes nouvellement diagnostiqués décrivent la sensation d’un énorme poids enlevé et la possibilité de traitements qui facilitent les activités quotidiennes.
Le diagnostic tardif du TDAH, notamment après 50 ans, est un phénomène qui mérite une attention particulière. Ces personnes ont souvent traversé des décennies de défis non expliqués, développant parfois des stratégies de compensation complexes tout en portant le poids d’incompréhensions et d’échecs répétés. Même à un âge avancé, la reconnaissance du TDAH peut apporter un éclairage transformateur sur leur parcours de vie. Ce diagnostic permet de réinterpréter des difficultés longtemps attribuées à des défauts personnels ou à un manque de volonté.
Il aide à comprendre pourquoi certaines tâches, apparemment simples pour d’autres, ont toujours représenté des obstacles majeurs. Cette nouvelle compréhension peut non seulement soulager une culpabilité souvent profondément ancrée, mais aussi ouvrir la voie à des adaptations plus appropriées dans leur vie quotidienne. De plus, pour beaucoup de ces personnes âgées, le diagnostic permet de réconcilier des aspects de leur histoire personnelle et professionnelle, offrant une nouvelle perspective sur leurs choix de vie et leurs relations interpersonnelles. Cette compréhension tardive, bien qu’elle puisse s’accompagner de regrets pour les opportunités manquées, devient souvent un outil précieux pour mieux gérer leur présent et adapter leur environnement à leurs besoins spécifiques.
Un diagnostic de TDAH est d’autant plus important que les personnes atteintes ont une espérance de vie réduite, en raison du suicide, d’accidents, de l’usage de substances ou d’autres problèmes de santé.
Les inconvénients possibles d’un diagnostic
Cependant, un diagnostic de TDAH à l’âge adulte peut aussi avoir des aspects négatifs. L’un d’eux est la stigmatisation associée, ce qui empêche de nombreuses personnes récemment diagnostiquées de révéler leur état à leurs employeurs.
La stigmatisation peut prendre des formes variées, explique Blandine French, chercheuse en psychologie à l’Université de Nottingham citée dans l’article de la BBC. Certains vont jusqu’à normaliser à l’excès le TDAH, en plaisantant sur le fait que tout le monde en serait atteint, ce qu’elle considère comme peu utile ou inexact.
De plus, les personnes diagnostiquées tardivement peuvent avoir du mal à accepter leur diagnostic ou le moment où il est posé. Elles peuvent ressentir de la peine ou de la colère face aux opportunités manquées. Une minorité rejette également le diagnostic, car « accepter d’avoir une affection chronique est trop lourd », selon Blandine French.
Néanmoins, la plupart finissent par accepter leur diagnostic, ce qui leur permet de mettre en place un soutien et de mieux vivre.
Les risques d’un surdiagnostic
La question du diagnostic du TDAH illustre un équilibre délicat entre deux problématiques majeures dans notre société moderne. D’un côté, le sous-diagnostic historique, particulièrement chez certaines populations comme les femmes et les adultes, continue de priver de nombreuses personnes d’un accompagnement nécessaire. De l’autre, une tendance inquiétante au surdiagnostic émerge, alimentée par divers facteurs sociétaux et économiques.
Le phénomène est particulièrement visible aux États-Unis, où l’industrie pharmaceutique joue un rôle actif dans la sensibilisation au TDAH. Les stratégies marketing incluent souvent des questionnaires d’auto-évaluation en ligne, délibérément conçus avec des critères larges et peu spécifiques. Ces outils peuvent conduire à identifier des symptômes de TDAH chez une grande partie de la population, y compris chez des personnes ne présentant pas réellement le trouble.
Cette situation soulève une question fondamentale : dans quelle mesure les symptômes attribués au TDAH ne sont-ils pas, pour certains, des réactions normales à un mode de vie de plus en plus exigeant ? Notre société moderne, caractérisée par une connexion permanente, une multiplication des tâches et une pression constante à la performance, crée un environnement qui peut amplifier ou imiter les symptômes du TDAH. Les difficultés de concentration, l’agitation mentale et l’impulsivité pourraient, dans certains cas, être interprétées comme des signaux d’alarme naturels de notre organisme.
Ces manifestations pourraient en réalité indiquer un besoin de changement dans notre mode de vie plutôt qu’une pathologie nécessitant une médication. Une approche plus holistique, incluant une alimentation équilibrée, une activité physique régulière, une meilleure gestion du stress et un rythme de vie plus adapté aux besoins naturels de l’organisme, pourrait s’avérer plus appropriée dans certains cas.
Cette réflexion ne vise pas à minimiser la réalité du TDAH, qui est un trouble neurodéveloppemental bien réel nécessitant une prise en charge adaptée. Elle souligne plutôt l’importance d’une évaluation diagnostique rigoureuse et personnalisée, tenant compte du contexte global de la personne, de son environnement et de son mode de vie. Le défi consiste à trouver le juste équilibre entre la reconnaissance et le traitement approprié du TDAH, tout en évitant la médicalisation excessive de comportements qui pourraient être des réponses adaptatives à un environnement de plus en plus exigeant.
Les défenseurs saluent généralement la sensibilisation croissante au TDAH chez les adultes, notamment grâce aux déclarations de célébrités et aux informations diffusées sur les réseaux sociaux. Cependant, cela peut aussi exercer une pression accrue sur les cliniciens pour poser ce diagnostic. D’après l’article de la BBC, Tito Mukherjee, psychiatre et consultant principal du service TDAH pour adultes du Cheshire and Wirral Partnership NHS Foundation Trust au Royaume-Uni, craint que le TDAH ne soit diagnostiqué trop à la légère. Il a l’impression qu’il existe presque une présomption selon laquelle « vous avez un TDAH jusqu’à preuve du contraire ».
Les critiques soulignent en particulier le risque de surdiagnostic dans le secteur privé. Au Royaume-Uni, certaines personnes se tournent vers des évaluations privées en raison des longues listes d’attente du NHS public. Mukherjee explique que le temps d’attente dans sa pratique est de 2,5 ans.
Dans certaines régions du Royaume-Uni, il faudrait huit ans pour résorber les listes d’attente pour les évaluations de TDAH chez l’adulte. Cette attente prolongée peut avoir un impact énorme sur ceux qui vivent dans l’incertitude.
En France, le diagnostic du trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) chez l’adulte est confronté à des défis similaires, notamment des délais d’attente prolongés et des préoccupations concernant le surdiagnostic dans le secteur privé.
Délais d’attente pour le diagnostic du TDAH chez l’adulte
Les délais pour obtenir un diagnostic de TDAH chez l’adulte varient, mais ils sont généralement longs en raison du nombre limité de professionnels qualifiés. Selon certaines sources, il faut compter en moyenne entre 2 et 6 mois pour un premier rendez-vous, puis 3 à 12 mois supplémentaires pour finaliser le diagnostic, soit un total pouvant aller de 6 mois à un an et demi.
Cette situation s’explique par le manque de spécialistes capables de diagnostiquer et de traiter le TDAH. Actuellement, seuls les pédiatres, psychiatres et neurologues sont habilités à poser un diagnostic et à initier un traitement médicamenteux. Pour pallier cette insuffisance, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande d’élargir ces compétences à d’autres médecins, notamment les généralistes, indique le site Caducee.net dans un article de septembre 2024 consacré aux nouvelles recommandations de la HAS. « Les troubles du neurodéveloppement [TND] – trouble du spectre de l’autisme, les “dys”, etc. – figurent dans le manuel de référence américain des troubles psychiques depuis 2013. Il était temps de reconnaître le TDAH », explique le professeur de pédopsychiatrie de l’enfant et de l’adolescent Olivier Bonnot, de l’hôpital Barthélemy Durand de Ste Geneviève des Bois dans un article du Monde consacré à ces nouvelles recommandations. Le Pr Bonnot est auteur du livre « Et si c’était un TDAH« .
Risques de surdiagnostic dans le secteur privé
Des préoccupations émergent également en France quant au surdiagnostic du TDAH, particulièrement chez les enfants et les adolescents. Certains professionnels suggèrent que nous sommes face à une situation de surdiagnostic, attribuable à une vision « biomédicale » du problème qui néglige d’autres facteurs d’influence, évoque le site Etreparents dans son article consacré au surdiagnostic du TDAH qui évoque notamment « le fait que les enfants et les adolescents sont en permanence « activés » par la télévision, les téléphones portables, les réseaux sociaux et les stimuli sans fin. »
En France, le diagnostic du TDAH est exclusivement réalisé par des médecins spécialistes et spécialisés. En cas de doute, il est recommandé de consulter d’abord son médecin traitant ou un psychologue, qui pourra orienter vers un médecin spécialisé. Mai s bien que le TDAH soit de plus en plus reconnu chez l’adulte en France, l’accès au diagnostic reste entaché de difficultés.
Les risques des traitements pour adultes atteints de TDAH
Il existe des risques pratiques liés au début d’un traitement pour le TDAH pour ceux qui ont un emploi et des responsabilités d’adulte. Aux États-Unis, les médicaments pour le TDAH peuvent affecter l’éligibilité à certaines assurances ou certains emplois, en raison du risque de tests positifs pour des substances considérées comme illégales.
L’accès aux médicaments pose un autre problème important, aggravé par des pénuries dans certaines régions. Les assureurs encouragent parfois la prescription de stimulants avant d’essayer d’autres types de médicaments. Les personnes qui prennent de la Ritaline en France le savent bien : les pharmacies sont régulièrement à cours et ont des difficultés à se procurer la molécule, arguant d’une montée des prescriptions.
Selon une étude parue en 2022 s’appuyant sur plus de 144 00 patients, la consommation de métylphénidate a doublé entre 2010 et 2019, associée à une augmentation de la durée de prescription. Le taux de prescription en France est supérieur à d’autres pays européens, souligne l’étude. Des chiffres confirmés par l’Assurance Maladie qui évoque une augmentation de 406% entre 2008 et 2021 comme l’indique le CCDH qui recommande d’interdire la prescription aux enfants de moins de 18 ans, en soulignant des conclusions de l’OMS datant de 2019 selon lesquelles « le Comité d’experts n’a pas recommandé l’inscription du méthylphénidate, un médicament qui sert à traiter le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), car il a constaté qu’il y avait des incertitudes quant aux estimations de ses bienfaits. »
Les risques sont-ils réels ?
Les stimulants, qui sont finalement des médicaments améliorateurs de performanc, agissent beaucoup plus rapidement que les non-stimulants. Une dose de Ritaline fournit une augmentation d’énergie et de concentration en moins d’une heure ». Les médicaments non stimulants peuvent également avoir des bienfaits, mais ils sont moins immédiats.
Une étude réalisée en 2024 auprès de jeunes âgés de 16 à 35 ans hospitalisés à Boston a révélé un risque significativement accru de manie ou de psychose chez les personnes prenant des amphétamines sur ordonnance (et pas seulement celles atteintes de TDAH). Ce risque était particulièrement élevé chez les patients de plus de 22 ans, l’âge médian des participants. Pour les personnes de plus de 22 ans, le risque de développer une psychose ou une manie était 4,1 fois plus élevé chez les patients prenant des amphétamines sur ordonnance par rapport à ceux qui n’en prenaient pas ».Chez les patients âgés de 16 à 22 ans, ce risque était 2,3 fois supérieur.
On sait que chez les personnes ayant des antécédents de problèmes cardiaques, la Ritaline peut aggraver des conditions comme l’hypertension ou les arythmies, avec un risque rare mais sérieux d’infarctus ou d’AVC. Sur le plan psychologique, elle peut provoquer ou intensifier l’anxiété, la dépression, voire des épisodes rares de psychose, en particulier à doses élevées. Bien que le risque de dépendance soit faible lorsqu’elle est prise selon la prescription, un usage détourné comme on en constate chez certains étudiants, peut conduire à une addiction. Par ailleurs, son usage prolongé peut entraîner des troubles de l’humeur persistants. Il faut donc se borner strictement à la prescription et s’assurer du bon diagnostic.
Le risque de l’auto-diagnostic
Nombre de personnes se sont « auto-diagnostiquées » après avoir lu des articles sur le sujet. Bien que certaines d’entre elles soient véritablement atteintes, il n’est pas raisonnable de s’auto-diagnostiquer. Un véritable diagnostic prend du temps, demande un évaluation cognitive du patient par un neuro-psychologue ainsi que plusieurs entretiens avec un psychiatre qui s’attachera non seulement à comprendre l’historique de la personne mais qui essaiera aussi d’évaluer la présence ou l’absence d’autres troubles du neuro-développement.
Pourtant, certains psychiatres n’hésitent pas à poser le diagnostic en une séance, comme en témoigne Albert : « la fille de ma femme, Daphné, a été diagnostiquée à l’âge de 19 ans par un psychiatre qu’elle a vu une fois. Pour avoir moi-même été diagnostiqué par une spécialiste à Paris au cours d’un processus qui a pris plusieurs mois et des batteries de tests, je sais qu’on ne peut pas poser aussi vite un diagnostic. En réalité, Daphné avait des angoisses liées à ses études et elle s’est persuadée qu’elle avait le TDAH. Elle a lu des articles sur le sujet et lorsqu’elle a vu le médecin, elle a su quoi répondre aux questions pour orienter le diagnostic. Je considère que ce psychiatre a fait une faute professionnelle grave. Aujourd’hui, Daphné a cessé de prendre de la Ritaline parce que cela induit chez elle des épisodes dépressifs. Elle n’aurait jamais du avoir accès à ce médicament ».
Pourtant certains sites comme « le mini coach TDAH » proposent un cahier d’auto-évaluation du TDAH, vendu au prix de 30 euros. Même si le site évoque l’importance de faire confirmer le diagnostic par un médecin, cela peut renforcer l’idée chez certaines personnes qu’elles souffrent d’un TDAH.
C’est d’autant plus aisé que de l’avis de nombre de personnes le formulaire d’origine américaine (DSM-5) utilisé pour le diagnostic du TDAH est largement critiquable. Il n’est pas assez spécifique et repose sur des symptômes qu’on observe dans d’autres maladies. Les symptômes évoqués ne tiennent pas toujours suffisamment compte du contexte dans lequel ils apparaissent. Par exemple, les problèmes d’attention ou d’organisation peuvent être exacerbés par des facteurs environnementaux, comme un cadre scolaire inadéquat ou un stress élevé, sans pour autant refléter un trouble neurodéveloppemental. Il est donc essentiel de compléter le diagnostic par une évaluation clinique approfondie qui inclut des entretiens, des questionnaires standardisés (comme le Conners Rating Scale) et des tests neuropsychologiques.
Mieux comprendre et valoriser les forces des adultes atteints de TDAH
Les experts insistent sur l’importance d’un traitement adapté à chaque individu. Cela passe par une approche holistique qui valorise leurs forces, comme la créativité et la curiosité, tout en répondant à leurs besoins pratiques. Si les défis associés au trouble, comme les difficultés d’attention, l’impulsivité ou l’hyperactivité, peuvent sembler limitants, de nombreux adultes avec un TDAH développent des compétences uniques et exploitent certains aspects de leur personnalité pour exceller dans divers domaines.
Créativité et pensée originale
Les adultes avec un TDAH ont souvent une pensée non conventionnelle. Leur cerveau a tendance à établir des connexions inattendues entre des idées, ce qui peut les rendre très créatifs. Cela est particulièrement bénéfique dans des domaines comme l’art, le design, le marketing ou l’innovation.
Énergie et enthousiasme :
L’hyperactivité, lorsqu’elle est canalisée positivement, peut se traduire par une énergie débordante et une capacité à travailler intensément sur des projets qui les passionnent. Cela leur permet de s’investir pleinement et de produire un travail impressionnant en peu de temps.
Adaptabilité et gestion de crise :
Les personnes avec un TDAH s’adaptent souvent rapidement à des environnements changeants et gèrent bien les situations imprévues. Leur capacité à passer rapidement d’une tâche à une autre peut être un avantage dans des contextes exigeant de la flexibilité. Il existe d’ailleurs une théorie selon laquelle le TDAH n’est pas un trouble, mais une faculté associée à certains individus qui leur permettait, à l’époque des premiers hommes, de prendre des risques pour faire des découvertes dont certaines pouvaient potentiellement bénéficier au groupe social tout entier.
Hyperfocalisation :
Bien que les adultes atteints de TDAH aient des difficultés à maintenir leur attention sur certaines tâches, ils peuvent également entrer dans des états de « flow » ou d’hyperfocalisation sur des activités qui les intéressent profondément. Cela leur permet d’accomplir des exploits impressionnants dans des domaines spécifiques.
Esprit d’entreprise et prise de risques
L’impulsivité peut se traduire par une plus grande tolérance au risque, ce qui peut être un atout pour les entrepreneurs ou les innovateurs. De nombreux entrepreneurs célèbres ont utilisé leur énergie et leur créativité pour surmonter des obstacles et bâtir des entreprises prospères.
Empathie et sensibilité :
Les adultes avec un TDAH peuvent être très sensibles aux émotions des autres, ce qui les rend empathiques et capables de nouer des relations profondes. Cette qualité est précieuse dans les interactions sociales ou professionnelles.
Capacité à penser vite et à réagir rapidement :
Leur esprit rapide leur permet souvent de trouver des solutions innovantes sous pression ou de répondre avec agilité dans des contextes professionnels complexes. C’est la raison pour laquelle on trouve plus de personne ayant le TDAH dans des métiers nécessitant une capacité à répondre à l’urgence, comme les pompiers ou les médecins urgentistes, mais aussi chez les personnes pratiquant des sports à haut risque.
Comment transformer le TDAH en force ?
Pour exploiter les avantages que procure le TDAH, il est essentiel de :
- Comprendre son propre fonctionnement : Identifier ses forces et ses défis pour les utiliser stratégiquement.
- Adopter des stratégies organisationnelles : Utiliser des outils comme des calendriers numériques, des rappels, et des techniques de gestion du temps pour structurer ses journées.
- Explorer des environnements adaptés : Les métiers créatifs, dynamiques ou nécessitant de l’improvisation peuvent correspondre aux points forts des adultes avec un TDAH.
- Travailler avec un professionnel : Un coach ou un thérapeute spécialisé peut aider à développer des compétences et à canaliser l’énergie de manière productive
- Pratiquer la pleine conscience et la méditation pour mieux s’intégrer avec son environnement.
L TDAH adulte peut devenir une véritable force lorsqu’il est géré avec conscience et intention. De nombreux adultes atteints de TDAH se démarquent précisément grâce à leur différence et transforment leurs caractéristiques en atouts dans leur vie personnelle et professionnelle.